Histoire

«Le karate-do est une philosophie, une attitude, un regard sur la vie et le monde »

O 'sensei Gichin Funakoshi 1868-1957

Shôtôkan-Ryû est un style de karate créé par Me Gichin Funakoshi au début du 20ème siècle. Il prend racine dans le Shuri-te de Azato Anko et de Itosu Yasutsune. Cependant le karaté de Funakoshi au fil des années a énormément évolué par l’apport en premier lieu de son fils Yoshitaka et également par la création de la Japan Karate Association avec en chef de file senseï Nakayama Masatoshi.

O senseï Gichin Funakoshi, le père du karaté moderne

Me Funakoshi est né le 10 novembre 1868 à Yamakawa, Shuri, préfecture d’Okinawa. Descendant d’une famille de samouraï, il naît cependant dans une famille modeste. Il commence l’étude du karaté à l’âge de 11 ans avec le fils du maître Azato Ankoh (élève lui-même de maître Matsumora Sokon) qui était également son maître d’école, avec lequel il va apprendre le Shuri-te, plus tard il sera enseigner par Azato lui-même. Il appris également avec Itosu Yasutsune, un des experts les plus reconnus d’Okinawa. Il étudia également, mais à moindre importance, avec Kiyuma Peichin. Les entraînements de l’époque étaient traditionnels, physiques, ils se déroulaient souvent la nuit et l’on apprenait le karaté pas à pas (un kata tous les trois ans). Son sens de la pédagogie et son habileté martial feront de Funakoshi un expert incontournable du To-Te (main de Chine). Instituteur sur Okinawa il va développer et transmettre son art. Il était l’homme le plus apte à installer son karaté hors d’Okinawa.

Avec l’aide du créateur du Jûdô, Jigoro Kano, Me Funakoshi fût le premier à faire une présentation officielle du Karaté à Tokyo sur l’île principale du Japon en mai 1922 (à noter que vers 1916, le docteur Chitose, créateur du Chîtô-Ryû effectua une démonstration, moins médiatique, de l’art martial okinawaien). Critiqué dès lors par de nombreux maîtres d’Okinawa pour avoir transmis “l’art secret”, il sera éludé de nombreuses généalogies. Il ira s’installer sur l’île principale du Japon pour y enseigner. Le karaté n’était plus un art martial Okinawaien, il devenait Japonais et allait s’étendre dans le monde entier. Cette démarche, critiquée, s’avérait pourtant inéluctable. Me Funakoshi publie en novembre 1922 un livre : “Ryû Kyû Kenpô Karate” qui sera détruit lors du tremblement de terre de 1923, mais il en éditera un autre : “Rentan Goshin Karate Jitsu”. Ce n’est qu’en 1935 que Ô senseï va publier un ouvrage de référence : “Karate Dô Kyohan”. Au Japon, Me Funakoshi va ainsi changer le nom okinawaien des katas qu’il transmettait en nom “plus Japonais” pour une meilleure compréhension et ainsi une meilleure diffusion.

Me Funakoshi va ainsi commencer à enseigner dans les universités japonaises et travailler comme gardien de dortoir. Le karaté du maître commence à se développer, plusieurs “clubs” universitaires vont se créer et le maître ira y enseigner (le karaté moderne naissait, ce n’était plus l’élève qui venait voir le senseï mais le senseï qui se déplaçait pour instruire des élèves en très grand nombre) . Malheureusement le fait d’enseigner à des jeunes de manières traditionnelle (kata et bunkaï uniquement) va se retourner contre Me Funakoshi, tous ses “élèves” avaient bien entendu envie d’aller plus loin, pratiquer le kumité, ce que Me Funakoshi se refusait de faire et il arrêta par la suite d’enseigner dans de nombreux dôjô universitaires. Ce n’est qu’en 1936 qu’il va faire construire au Japon avec l’appui de ses élèves sa propre école, le Shôtôkan (académie (kan) de Shoto : “ondulation des pins sous le vent”). Ce dôjô donnera le nom au style de karaté. Ce Shôtôkan comprendra 15 kata fondamentaux et plusieurs créations personnelles : Ten-no-kata et les trois Taikyoku (shodan, nidan et sandan) qu’il avait conçu avec l’aide de son fils Yoshitaka (Gigo). Ce style reprend principalement les bases de Itosu senseï, le karaté appris de Azato ne sera enseigné qu’à son fils Yoshitaka. Le Shôtôkan va être totalement détruit pendant la seconde guerre mondiale et de nombreux élèves des premières heures, gradés, seront tués au cours de cette guerre. Le Shôtôkan sera rebâti à l’identique à la fin de celle-ci.

Après la guerre les choses vont s’accélérer, Me Funakoshi restera en retrait du dôjô et laissera évoluer le cours des choses. Il décéda en 1957 laissant derrière lui un Shôtôkan en pleine mutation. Ses cendres seront dispersées à Okinawa, terre de ses débuts de karatéka.